LE TARTUFFE
de Molière

CRÉATION 2023 THÉÂTRE
Mise en scène . Serge Noyelle. Scénographie . Serge Noyelle & Marion Coutris Dramaturgie . Marion Coutris

Note de mise en scène
La pièce de théâtre TARTUFFE fait partie des œuvres majeures de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Le Misanthrope et Dom Juan composant avec elle le triangle magique du dramaturge.
Interdite pendant cinq ans, la comédie témoigne du règne de Louis XIV : c’est à partir du microcosme familial, du clan, de la fratrie, que les éléments critiques sont mis en scène, reflet des rapports très contrastés entre les êtres, des intrigues, des alliances et trahisons intrinsèques aux relations « de cour ».
Le fait de traiter en comédie un sujet tragique est en lui-même iconoclaste et c’est bien le désir maître de Molière que de traiter des sujets graves par le rire. Ce désir-là est sacrilège. Une famille presque exemplaire, où le patriarche Orgon, et sa femme Elmire, accueillent un usurpateur qui trompe, ment et se travestit en « homme de bien », est promis au mariage avec la fille déjà engagée, courtise la mère, et spolie la maisonnée de tous ses biens.
La pièce commence dans une ambiance de fête que vient rompre Madame Pernelle, mère d’Orgon, reprochant violemment à tous de trop festoyer, de trop recevoir, de dépenser trop, de trop de tapage, présentant au contraire un modèle en Tartuffe, qui serait à ses yeux l’exemple de l’homme en société. Un monde veut rire et s’amuser, un autre, aveugle à cette injonction, veut l’ordre moral, quitte à user de mauvaise foi, à prôner l’hypocrisie et la trahison.
Scéniquement, tout peut se jouer autour d’une table, d’une Cène, lieu du repas, du sacre, lieu de la fête mais aussi lit de la tragédie : car ici, sur cette scène dans la scène, et tout autour, tout est conflit. Une violence immense émane de chaque moment, un excès, un goût pour la parodie, les mots cruels, les dialogues oscillant entre tragique et comique.
Orgon, complètement aveuglé, offre sa fille, sa femme et tous ses bien à un étranger, voue de façon incompréhensible son admiration, sa dévotion, et son amour sans bornes à Tartuffe. Pourtant, depuis Molière, combien de Tartuffes avons nous croisés, apparaissant masqués, hypocrites, sournois ? On ment, on se travestit sous le masque de la croyance et de la dévotion. Tout le bonheur de la pièce de Molière repose sur l’instabilité de la parodie, de l’humour et de la tragédie : on rit. On pourrait pleurer en même temps. C’est pourtant du théâtre, essentiellement.
Une invitation aux acteurs à balancer et contrebalancer leur jeu pour s’interroger à tout moment, et pouvoir osciller entre comédie et tragédie. Enfin, opter pour de jeunes acteurs professionnels offre l’opportunité de transmettre toute l’énergie fugace et la vitalité intrinsèque de cette pièce, tout en mettant en relief son retournement tragique, grâce à leur jeunesse, leurs corps et leur engagement théâtral.
Serge Noyelle.




Note de la dramaturge
LE TARTUFFE est probablement la pièce la plus connue de Molière, la plus controversée aussi tant le roman de sa création prit entre 1664 et 1669 la forme d’une affaire d’État. C’est que l’on ne touche pas impunément à la critique d’une religion. Qu’entre le Roi louis XIV et les guildes religieuses radicales, le torchon brûle. Molière, au sommet de sa gloire, en fait les frais, mais parvient finalement à faire jouer l’intégralité de sa pièce – certes remaniée – qui devient immédiatement le succès qu’on lui sait, et ne faiblira pas.
Il n’a de cesse depuis, de précéder l’actualité : le patronyme de son personnage principal devenant aussi le nom de tous les hypocrites nimbés d’une gloire morale injustifiée. Les imposteurs mondains, les fondamentalistes cyniques.
La pièce est une description aiguisée de la confusion des mœurs d’une société française qui anticipe déjà les mutations à venir.
Mais la pièce de Molière n’a rien d’une caricature, c’est sa force. Les personnages y sont tous nourris de mouvements paradoxaux. La vie et ses représentations multiples, est pour Molière un enjeu plus fondamental que la dénonciation d’un système. Il ne produit pas des dogmes mais des machines théâtrales, complexes et subtiles. Contradictoires parfois. Laissant au spectateur la capacité de juger, de rire ou de s’émouvoir. D’imaginer aussi.
Ainsi, Elmire accepte-t-elle de tenter Tartuffe par pure stratégie, ou par goût pour un jeu de séduction latent, et dévoilé ?
Marianne, statufiée par la volonté d’un père, s’enferme dans l’inertie, trop fière pour s’avouer victime, ou seulement un peu trop lâche pour s’affronter à l’ordre patriarcal ?
Tartuffe nourrit-il pour Elmire, au-delà de ses stratagèmes, une passion sincère et intrépide ou se conduit-il en prédateur certain de ses privilèges ?
Orgon est-il dupe ou cynique ?
Madame Pernelle est-elle une conservatrice autoritaire, ou une femme de tête moraliste libérée de toute bienséance ?
Cléante est-il l’esprit rationnel de Molière ou l’incapacité avouée de l’auteur à résister aux assauts de la censure ? Aux jeux de pouvoir ? aux intrigues ? À ses propres penchants amoureux ?
Le Tartuffe est une boule à facettes qui révèle d’abord les perspectives de celui ou celle qui la regarde, et c’est en cela que la pièce est sans doute une des premières œuvres du théâtre moderne.

La Presse en parle ...
« Une mise en scène d’une grande vitalité qui ne laisse place
à aucun temps mort… »
La Terrasse
« Serge Noyelle porte un regard neuf sur une pièce qui n’a de cesse
de révéler sa richesse… »
Les Arts Mouvants
« Une relecture décoiffante tant par le traitement du texte que par l’empreinte virtuose d’une distribution homogène et talentueuse… »
La Revue du Spectacle
« Il s’agit là d’un spectacle en tout point exceptionnel
et absolument parfait… »
Destimed
Marion Coutris.

Distribution
Artistique
Mise en scène Serge Noyelle
Scénographie Serge Noyelle & Marion Coutris
Dramaturgie Marion Coutris
Directeur de Production Benoît Kasolter
AVEC
Louison Bergman, Lucas Bonetti, Marion Coutris, Nino Djerbir, Thibaut Kuttler, Robin Mannella Camille Noyelle, Jeanne Noyelle, Romain Noury & Guilhem Saly
LE TARTUFFE

Direction technique Bernard Faradji
Régisseuse générale Louna Boissaye
Régisseur Lumières Richard Psourseff