BaroKKo

Une figure baroque : cet homme nu qui sera fait Pape puis destitué, symbole d’une vanité exposée à un destin étrange.
À l’heure de la mort, un homme se replonge dans le songe éveillé d’une vie de passions et de chaos. Reviennent le hanter les spectres et les vivants, les êtres aimés et les ennemis, détenteurs de civilisations anciennes ou d’obsédantes projections. Une horde de personnages vêtus de dentelles blanches, poudrés, voluptueux d’une décadence furieuse, archaïques et contemporains, foulent le sol de leurs danses folles, étirent l’espace de leurs rituels processionnaires.
Le cycle de l’histoire se calque sur le carrousel répété des figures rhétoriques du théâtre, des mythes et des récits, et le carnaval des rois fous, des coryphées visionnaires, et des envoyés du destin.

La presse en parle :
« Bijou d’extravagance. Quand on repense à BaroKKo surgissent des tableaux fous, empreints de démesure et d’excès, d’ironie, sombres et virevoltants, comme échappés du mouvement baroque. À la fois opéra, théâtre et ballet, cette création est d’une grande force onirique comme souvent avec le théâtre NoNo, façonneur d’images autant que d’imaginaires. »
Olga Bibiloni, La Provence
« Baroque et ambitieux, d’une immense richesse thématique et interprétative, cet opéra-théâtre qui sublime la mort est, plus qu’un spectacle, une véritable expérience sensorielle servie par une extraordinaire partition musicale. Une œuvre folle et dantesque, sillonnée de fulgurances poétiques. »
David Simon, La Gazette du Théâtre
BaroKKo à Saint-Pétersbourg
Le 26 septembre 2019, la compagnie du Théâtre NoNo a été accueilli à Saint-Pétersbourg dans le cadre du Baltyskyi Dom Festival pour une superbe représentation de BaroKKo. A cette occasion, la compagnie a reçu le Grand Prix de la Critique.
En attendant Godot

Un arbre, une route, des êtres en errance qui s’attardent en paroles ni gagnées ni perdues.
Une route, un arbre, des êtres qui s’arrêtent un moment, et le monde semble avoir tourné sans eux. Sans doute le réel n’est qu’une chimère de papier et eux, au bord des mondes, le songe vrai qui questionne inlassablement le sens de la vie comme elle va. Et où il va, l’autre. Et est-ce que ça va ? Pas trop mais pas trop mal. Et aussi soudain trop et trop mal. Car c’est extrême aussi, le théâtre de Beckett. Ça ne se joue pas sur le «bord», c’est un engagement terrible. Organique. Versatile. Réversible.
Et puis deux autres qui arrivent. Couple antinomique. Victime et bourreau. Les attentes se croisent. Ne dialoguent jamais vraiment. C’est par dérapages successifs qu’ils échangent et toutes les variations s’échafaudent puis joutent, puis s’annulent.
Un enfant entre, nous rappelle que Godot viendra demain, peut-être.
Il n’y aura pas de vainqueur, à peine des survivants et pourtant, dans l’intervalle, on sera passé du rire aux larmes, et la vision aura embrassé le monde tout entier. C’est la magie Beckett, de l’infime au cosmos.
Et c’est le théâtre qui est convoqué au chevet de l’humanité pour une partie de poker où personne ne remporte jamais la mise, où les mots se détournent, où le temps, recyclé, règne en maître.
À ce moment de la vie étrange du théâtre et de la société, nous attendons, chacun, plus que jamais, l’arrivée de Godot.
Oh les beaux jours

Où on voit la disparition progressive d’une femme qui, tout en étant avalée par la terre, parle sans tragédie de la vie telle qu’elle respire encore.
La Winnie de Oh les beaux jours est sans doute la Madame Bovary de Beckett, un double féminin, son rêve de théâtre. Un corps entravé, contrarié, une parole libre. Libre des codes de l’écriture et libre de devoir « faire théâtre ». Ne racontant qu’elle-même, dévidant ses pensées en miettes.
Drôle et tragique, Winnie, une marionnette au sommet d’une montagnette, féroce et sensible, un être tout en tête, occupant l’espace des mots seulement, celui du discours seulement, l’acte théâtral se réduisant à une succession d’indications. Femme-aux-objets au sens propre, qui s’évertue à ponctuer le temps d’une journée d’actes insignifiants et indispensables : l’image de la représentation théâtrale, chaque jour annulant l’autre, chaque acte oubliant le précédent.
Le corps, une fonction.
Ballet des objets. Leur dramaturgie minutieuse, véritable partition de gestes, raconte un monde en images, désarticulé, précis, informe, facétieux, éperdu, poétique et trivial. Une chorégraphie où finalement le corps ne dit plus rien, ne signifie plus que son engloutissement programmé dans le monde de l’usuel.
Joie d’être au monde, ce beau jour-là encore.
La presse en parle ...
« Très belle vision de Beckett à Marseille. C’est surtout avec l’interprétation de Marion Coutris, en Winnie, que tout change. Elle est, au contraire des actrices qui l’ont précédée, une femme lucide, énergique, vive et vivante. Du coup, on entend tout le texte, son déploiement de souvenirs et d’émotions, son vibrato tout entier. Cela devient un chant combatif, un extraordinaire moment de clarté alors qu’on était resté dans l’obscurité du cerveau. Merveilleux. »
Gilles Costaz, WT
« Une insolente liberté et une épure picturale. Marion Coutris aborde le texte avec un souffle particulier, une respiration qui surprend au début mais qui prend très vite la mesure, le rythme si particulier de la partition beckettienne. Happé par cette voix présente, inscrite dans l’âme et la non-théâtralité fictive de Beckett, entre silences, répétitions, poussées vocales brèves, presque suspensives… Elle nous envoûte au bout de quelques minutes, modulant à la perfection les nuances, de la douceur à la gravité, de la folie à la sensualité, de l’excitation à l’extase. Dans ce spectacle à l’agonie où comme dans la vie, chaque jour on remonte sur scène, Marion Coutris et Serge Noyelle apportent une atonalité virtuose très personnelle portant le texte millimétré de Beckett de la minutie à l’épure, entre spectaculaire et intimisme. »
Gil Chauveau, La Revue du Spectacle